Les 4 points clés pour appréhender la Blockchain en France en 2020

Magna Numeris
6 min readNov 20, 2019

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1) Blockchain, Bitcoin, qu’est ce que c’est?

2) Evolution du cadre légal

3) Le développement de l’industrie blockchain en France

4) Enjeux et initiatives

Le 10 Octobre 2017, le ministère de l’Economie et des Finances classe Bitcoin dans sa liste des moyens de paiements alternatifs. Cette décision arrive pourtant plus de 3 ans après l’inauguration du premier comptoir d’échange de crypto monnaies en France, La Maison du Bitcoin (ouverture le 13 Mai 2014).

Ces deux informations sont révélatrices de l’évolution de la situation des crypto monnaies et plus généralement du secteur blockchain en France. Au départ technologie marginale réservée à un petit nombre de passionnés (mouvements cypherpunk et crypto anarchiste) à sa création en Janvier 2009 aux Etats-Unis, la technologie blockchain a connu un développement et un succès croissant dans le monde entier jusqu’à être devenue un sujet de préoccupation pour beaucoup d’entreprises, de gouvernements et d’individus.

1) Blockchain, Bitcoin, qu’est ce que c’est?

Il convient en premier lieu de différencier crypto monnaies et blockchain.
Une crypto monnaie est une monnaie digitale décentralisée utilisant des fonctions de cryptographie pour réaliser des transactions.
La blockchain est un réseau fonctionnant de manière décentralisée permettant de transmettre des informations entre utilisateurs du réseau blockchain concerné.

En d’autres mots, une crypto monnaie utilise comme support un réseau blockchain et ne peut pas fonctionner sans ce dernier. Par-contre, un réseau blockchain peut être appliqué à d’autres utilisations que les crypto monnaies.

C’est de par ses propriétés uniques de sécurité et de décentralisation, combinées à la très grande adaptabilité de cette technologie que la Blockchain est progressivement arrivée sur le devant de la scène.

Dans cet article nous allons chercher à éclaircir la situation du secteur de la Blockchain en France et de son potentiel pour l’année 2020.

2) Evolution du cadre légal

2.1) Des débuts difficiles

Au départ rattachée à l’utilisation de Bitcoin et de ses dérives, la technologie Blockchain s’est vu être très durement régulée. En Janvier 2014 la Banque de France fixe le cadre dans lequel des bitcoins peuvent être vendus ; ils peuvent être échangés contre des monnaies fiat (monnaies traditionnelles : €,$,£…) uniquement si l’organisme vendant des bitcoins est un prestataire de services de paiements agréé par la Banque de France.

Cependant les principes de fonctionnement même de la technologie blockchain, à savoir la décentralisation, la transparence, son immutabilité et l’absence d’autorité centrale, c’est un secteur qu’il est difficile de réguler, nombre de composants de cette technologie étant accessibles par tout individu possédant une connexion internet et librement consultables.

Dès lors qu’un début de cadre juridique fut fixé, certaines entreprises ont décidé de se spécialiser très tôt dans ce secteur, que ce soit en conseil stratégique sur l’utilisation de technologies blockchain ou afin de fournir des moyens de paiements en crypto monnaies aux particuliers et entreprises.

2.2) 5 ans plus tard

Les autorités financières et gouvernementales françaises commencent à réguler pleinement le secteur. Ainsi, en Janvier 2018 le ministère de l’Economie et des finances a lancé une première mission sur les crypto monnaies, quatre mois plus tard en Avril 2018 le Conseil d’Etat classifie comptablement les résultats de la vente de bitcoins et cela aboutira finalement à l’adoption d’un article de loi par l’Assemblée Nationale le 28 Septembre qui met en place un visa pour les émetteurs de nouvelles crypto monnaies sous forme de levée de fonds en actifs numériques (ICO : Initial Coin Offering).

En 2019, la blockchain est un secteur en plein développement et occupe une place non négligeable dans l’industrie des nouvelles technologies. Le ministre de l’économie Bruno Le Maire entend affirmer aux acteurs concernés le soutien de l’Etat au secteur de la blockchain. Cela passe par une réglementation souple.
Bruno Le Maire va proposer à ses homologues européens la mise en place d’un cadre unique européen et faire passer la France dans le camps des Etats proactifs quant à la régulation du secteur.

L’objectif étant de parier sur la décentralisation pour contrer la situation quasi-monopolistique de géants de l’économie digitale, le gouvernement ambitionne de faire de la France un leader dans l’économie de la blockchain et des crypto monnaies.

3) Le développement de l’industrie blockchain en France

3.1) La blockchain pour les grandes entreprises

Les caractéristiques de la technologie blockchain et des contrats intelligents intéressent les acteurs de la banque et des assurances mais aussi les professions juridiques. Ces acteurs pourront à l’avenir certifier des transferts de propriété de manière plus sécurisée ou encore verser automatiquement des indemnités.

Axa a été le premier assureur à sortir une assurance basée sur la blockchain. En septembre 2017, il a lancé une assurance automatisée pour les retards de vol d’avion. Basée sur la blockchain Ethereum, cette assurance est en fait un “smart contract”, un contrat intelligent qui déclenche un remboursement automatique une fois que le retard a été constaté.

Côté banques, de nombreux projets sont en cours. Par exemple, UBS et IBM ont lancé une initiative qui vise à concevoir une plateforme de trade finance basée sur la blockchain. Baptisée Batavia, cette technologie permettrait aux banques et à leurs clients d’automatiser ce processus qui est encore très manuel. La blockchain permettra également de régler des transactions en temps réel et d’avoir une “plus grande transparence du taux de change appliqué à l’opération et la réduction des coûts structurels”, selon un communiqué du Crédit Agricole.

3.2) Mais aussi pour des entreprises de plus petites taille

Aux côtés des grandes entreprises développant des solutions internes basées sur des technologies blockchain, plusieurs entreprises entièrement dédiées à l’utilisation ou l’application de technologies dites de « registre distribué » ont fait leur apparition. La Direction Générale des Entreprises (DGE) a recensé 200 projets actifs ou en cours dans le domaine de la blockchain en France. Dans cet écosystème, on retrouve à la fois des entreprises de conseil technologique, à l’image de Blockchain Partner, qui a travaillé pour la Banque de France et l’Agence nationale des fréquences (ANFR), et des startups de la crypto-sphère, comme les plateformes d’achat-vente de crypto-actifs Coinhouse et Paymium, le fabricant de portefeuilles électroniques pour clé privée d’accès aux comptes en crypto-monnaies Ledger.

D’autres jeunes pousses ont conçu des solutions destinées aux entreprises, à l’image de la lilloise Utocat dans laquelle BNP Paribas a investi, ou de la parisienne Stratumn, financée notamment par CNP Assurances, et qui collabore avec Axa Partners

Chez BPIFrance, Philippe Mutricy, directeur de l’évaluation, des études et de la prospective, juge le chiffre de 200 concordant avec les 150 financements réalisés à ce jour par la Banque Publique d’Investissement dans le secteur, via ses dispositifs d’aide à l’innovation . L’écosystème français compte plutôt de l’ordre d’une cinquantaine de startups dans la blockchain, la mortalité y est importante, ce qui est normal pour une technologie émergente.

4) Enjeux et initiatives

Aujourd’hui, l’enjeu des technologies blockchain reste bien leur industrialisation de masse, l’appropriation large de leurs usages. Pour ce faire, il est essentiel de favoriser une appréhension positive de ces technologies, au-delà de l’image du bitcoin et des crypto-monnaies. Montrer leur réalité et parfois leurs risques est une bonne façon d’accompagner la montée inéluctable de ces technologies par l’éducation de leurs utilisateurs.

On observe également plusieurs regroupement d’entreprises pour créer des initiatives communes dans le secteur de la blockchain. Ces initiatives peuvent être à but commerciaux ou non mais ont pour mission de faire progresser l’usage des technologies blockchain en France. L’association FD2A rassemble une trentaine d’entreprises ayant pour but de créer un réseau de professionnels pour promouvoir l’usage de la blockchain et de participer aux débats liés à ces technologies.

Axel Baechelen

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